Sangouard : Pas sans reproches


L'assistant coach de Greg Beugnot revient sur le début de championnat de l'ASVEL en demi-teinte.

Comment avez-vous vécu le début de saison contrasté de l’Asvel ?

«Les deux premières défaites en championnat, surtout celle à domicile contre Chalon, nous ont mal aiguillés. On a ensuite réussi à relancer la machine, le succès à Samara s’avérant important pour nous remettre en confiance. En tous cas, au niveau du groupe, il y en avait besoin à cause de ces deux défaites. Pourtant, on avait été bien pendant la présaison, tant au niveau du jeu que de la confiance».

C’était justement là un premier mystère. Avez-vous été surpris de ce début raté après une période encourageante en présaison ?

«Oui, on peut se demander si on a alors fait un complexe de supériorité. On avait battu Chalon en match amical, on n’a peut-être pas abordé le championnat de manière assez ferme».

Après s’être repris, le groupe a paru voguer sur la lancée de Samara, avant de s’éteindre assez bruquement. Deuxième énigme ?

«Le retour de Laurent Pluvy a peut-être modifié les cartes et la distribution des rôles sur le terrain. Delaney Rudd a en tous cas dit qu’il ne se sentait plus à sa place. Sans désorganiser le groupe, son retour a destabilisé certains joueurs qui ne se sont plus retrouvés dans le collectif. Mais avant cela, il y avait eu la blessure de Darren Henrie, qui a aussi modifié le rôle d’autres joueurs. Il leur a fallu un temps d’adaptation, et à notre niveau, il ne faut pas que ce temps soit trop long. Il n’en faudrait même pas du tout !»

La défaite contre Cholet a provoqué une secousse dont la plus spectaculaire illustration a été la démission que Delaney Rudd a voulu présenter. Comment avez-vous réagi ?

«J’ai été supris ! On le voyait mal à l’aise sur le terrain mais je ne pensais pas qu’il en était à une crise de ce type, une crise de leadership. Ma foi ! Cela a au moins provoqué une bonne réaction, Delaney a retrouvé son rôle de meneur, d’organisateur, et apparemment l’équipe tourne un peu mieux.»

Vous n’avez pas globalement subi une pression autosuggérée ou inconsciente face à l’importance d’un budget qui se trouve être le plus important de France, sachant qu’après la course au titre depuis trois ans, l’Asvel se trouvait forcément face à ses responsabilités ?

«Je n’ai pas cette impression. Ce sont plutôt les autres équipes qui nous considèrent comme la plus grosse cylindrée et veulent la battre. Au contraire, nous n’avons sûrement pas su nous mettre assez de pression en début de saison».

Mais quand vous avez vu Greg Beugnot exploser contre Cholet n’y avait-il pas, à ce moment là, une soupape qui sautait ?

«Greg a eu une accumulation de choses. Les résultats, une approche par rapport au fait que si le club a depuis six ans connu une constante évolution structurelle, on a besoin d’être encore plus pointilleux au moment où on arrive à un certain niveau de budget. C’est une marche en avant permanente. C’est vrai aussi, que notre collectif tardant à trouver sa cohésion, cela l’a irrité. Et puis il y a deux autres points : d’une part, et je le ressens moi même, on est sur le pont sans interruption depuis le 27 juillet, et si on ne trouve pas en récompense le plaisir de voir le travail porter ses fruits, il y a une certaine tension qui apparaît. D’autre part, durant les quinze jours précédant le match contre Cholet, Greg était malade. Il a forcément tiré un peu plus sur la corde...»

Finalement, ce match contre Cholet a presque été un mal pour un bien ?

«Certains joueurs ont ressenti qu’ils n’étaient pas à leur niveau. Nous, le staff, ça nous trouble d’avoir un effectif tel que celui-ci, qui n’arrive pas à dérouler comme on l’espérait. Mais je me sens dans le même état d’esprit avant et après le match de Cholet».

On sait que vous formez avec Greg Beugnot un duo très complice. Ce début de saison a-t-il changé quelque chose dans vos relations ?

«On a toujours beaucoup échangé, sans jamais passer par de faux fuyants. On continue de se parler en cherchant la solution, et en proposant. Mais on fait le constat que c’est difficilement mis en application. Le collectif n’a pas le même liant que les saisons précédentes, mais cela est dû au fait que, par la force des choses, on a dû faire évoluer notre jeu. Les nouveaux ont peut-être du mal à l’ingurgiter, et les anciens à accepter une remise en question à laquelle ils n’étaient pas habitués parce que, depuis cinq ans, ils étaient rodés à une autre forme de jeu».

Si cela va mieux depuis Cholet, avez-vous l’impression que ce coup ci est le bon ?

«Difficile à dire. On a encore des hauts et des bas, même si on fait deux matchs pleins de suite contre le PAOK et Limoges».

A la réserve près qu’il aurait pu avoir une issue moins heureuse ...

«Oui, on a encore du mal à tenir un score en fin de match. Si on savait pourquoi ! On n’a pas trop de vécu ensemble puisqu’on a changé quatre joueurs, et même cinq maintenant avec l’arrivée de Minlend. C’est la seule explication possible car le groupe travaille et il n’y a pas de mauvaise volonté».


Propos recueillis par Le Progrès