« On a pérennisé économiquement l'ASVEL »


Notre président adoréMarc Lefebvre, président de l'ASVEL basket, a donné, à l'aube d'une saison qui s'achèvera par l'Euro, une interview pour faire le point sur la situation économique du basket en France.

Vous voici à la tête du plus important budget français (41 MF). Mais celui-ci n'est pas en prgression spectaculaire (+3 MF) par rapport à l'an dernier...

«Quand nous avons repris l'ASVEL en 1992, on s'était fixé un but et un moyen. Le but, c'était de rendre à l'ASVEL sa place dans les hautes sphères de la compétition européenne et française. Le moyen, c'était de progresser budgétairementen adéquation avec la progression sportive mais également la réalité économique. Or nous sommes arrivés dans une dynamique de reconquète à un moment où tous les voyants du basket démontraient que ce sport vivait au dessus de ses moyens. Le cumul de ces deux éléments nous donnait à penser qu'on se retrouverait un jour ou l'autre avec un budget en incohérence avec l'objectif annoncé».

Est-ce que c'est une pression, une responsabilité que d'être l'un des deux clubs françaisles mieux placés budgétairement ?

«C'est pour les joueurs, les staffs d'entraineurs et les dirigeants une pression supplémentaire en effet. Il y a, surtout en basket, une cohérence entre les classements des budgets et des championnats. Cela veut dire qu'il y a 4 clubs (NDLR : ASVEL, Pau, PSG et Limoges) dont le président vise en toute logique le titre, sans compter les deux ou trois qui peuvent aussi en rêver, comme nous l'avons fait à une époque. Donc, on vise le titre et on l'annonce. Mais ma grande satisfaction cet été aura été surtout de consolider lers structures, de sorte à pouvoir dire qu'on a atteint une pérénisation économique. Les partenaires privés ont répondu à notre volonté de lever un capital de 4MF, un total qui sera en toute vraisemblance dépassé. Même si on ne gagne pas le titre cette année, on ne joue pas économiquement notre tête là-dessus. Et on a vu que cela tient a peu de choses puisque notre saison l'an dernier tient à deux paniers contre Milan et Limoges. Aimé Jacquet est champion du monde, mais à un pénalty près contre l'Italie, serait-il aujourd'hui encensé ? Les aléas d'une saison, on connait : les blessures, coups du sort, et quelque part, je me réjouis qu'il y ait encore cette large part d'incertitude. On sera très déçu si on perd le titre, mais sportivement seulement. Et sur ce plan, on a le devoir de viser le titre, si on ne veut pas devenir les Poulidor du basket».

Au niveau européen, le meilleur budget français reste un budget moyen. Le fossé ne se creuse-t-il pas dangereusement ?

«En l'état de l'interêt et de l'apport économique que démontrent les télévisions, on est pas loin du maximum de ce qu'on peut faire en France».

C'est combien le maximum à vos yeux ?

« Le passé a prouvé que Pau-Orhez a flirté avec les 50 MF (NDLR : l'an dernier) de budget et que c'est un barre difficile à maintenir (NDLR : Pau-Orthez a réduit d'au moins 4 MF son budget). Et que je sache, Pau est champion de France !»

Donc la France est dans le ventre mou européen budgétairement. Fiscalement, elle est pénalisée par rapport aux autres pays, et le basket français n'y peut pas grand chose. Mais le manque à gagner de l'absence de couverture télé plus concrête émane peut être plus de la responsabilité de ses dirigeants ?

«On est en effet plus pénalisés que les autre pays par la préssion fiscale et des charges sociales. En valeur relative, un budget de 40 MF en France pèse moins lourd qu'ailleurs en Europe. En valeur absolue, on est aussi loin derrière pas mal de clubs étrangers. Cela veut dire qu'il faut s'interpeller, le basket est quand même aussi du business en terme de concurrence économique. Hélas sur un dossier comme la télé, les présidents de clubs et la Ligue n'ont pas leur mot à dire dans une négocation qui est celle du président de la Fédération. Ce que moi, secrétaire général de la Ligue je sais, c'est ce qu'on veut bien me dire à la Fédération. C'est une situation dont je m'émeus».

Ce qui dans le langage poli de Marc Lefebvre signifie que vous protestez officiellement et énergiquement, non ?

«Vous traduisez bien».

Comment le Ligue peut-elle reprendre un peu de poids dans cette négociation ?

«Il y a des textes qui ne nous permettent pas de le faire. Mais il serait judicieux, puisqu'on arrive à une échéance (NDLR : Jean Bayle-Lespitau a clairement laissé entendre qu'il n'irait pas au bout de son mandat, qui prendra fin de toute façon au terme de la saison) de mettre dans la balance une répartition des droits et des devoirs prenant mieux en compte la représentativité des interêts des clubs professionnels qui comme le dit Pierre Seillant sont souvent les payeurs».

Et où en est l'ASVEL sur ce dossier télé pour l'Euroligue ?

«Canal Plus et Eurosport sont les premiers noms auxquels on pense sur ce genre de dossier. Nous avons donc normalement contacté M. Denisot et je dois constater qu'on attend encore un RDV. On a pas pour habitude de rester les bras croisés dans ce genre de situation, même s'il aurait été préférable que ce dossier soit en effet bouclé à cette époque de l'année».

Les nouvelles recrues de l'ASVEL : Giga, Mous, Blom et HenrieVous avez fait un recrutement spectaculaire. Par volonté de frapper les esprits ?

«Non, sur le papier c'est un belle satisfaction, mais on ne regarde pas notre effectif béatement. On s'est comme d'habitude mis autour d'une table. On sait trop à l'ASVEL qu'il ne suffit pas d'avoir de beaux noms et quelle importance peut avoir l'alchimie dans la qualité d'une équipe. L'effort fait sur Sonko est une anticipation de l'après-Rudd. On ne voulait pas se retrouver "cigalien" à la fin de la saison. Le choix stratégique et sporif était celui du coach. Et je crois que c'était l'année où on pouvait se payer Sonko».

On pouvait ou on devait ?

«On devait parce qu'on pouvait : j'étais persuadé que Mous ferai une grande saison 98/99. Ce qui veut dire que dans un an, il aurait été inabordable. Il ne faut pas se voiler la face : les trois ou quatre meilleurs joueurs français, sauf circonstances spéciales, et il y en avait une en l'occurence, ne sont plus économiquement vraiment accessibles aux clubs français».

Propos recueillis par Le Progres