« On ne s'est pas trompés »


Greg BeugnotL'entraîneur villeurbannais fait le point sur un départ manqué. «Il est plus difficile de dire qu'on ne s'est pas trompé quand on perd que quand on gagne». Il réclame un peu de patience et écarte certaines suspicions

Vous aviez manifestement décidé après la défaite contre Chalon d'attendre le match au Mans pour vous prononcer. Aujourd'hui, que vous inspire la situation?

«Que Chalon n'était pas un faux-pas et que c'est dans les têtes que se situe le blocage: il faut donc chasser le doute. On déjoue par rapport à nos qualités propres, on a besoin de se rassurer».

Vous avez parlé «de chateau de cartes qui s'est écroulé contre Chalon». Les matches de préparation auraient-ils été un leurre?

«Non pas du tout. Ce n'est pas un leurre ou alors nous techniciens, on s'est trompés, l'équipe s'est trompée, et les médias aussi qui nous estimaient favoris. Ce n'est pas par rapport à une concrétisation offensive ou défensive qu'on s'était rassurés en matches de préparation, c'était sur une constance d'évolution. A chaque match il y avait progression, et en effet, cela s'est écroulé contre Chalon».

La venue du PSG rappelera que cette situation est arrivée à d'autres avec une conclusion parfois heureuse (le PSG champion en 97) ou parfois moins (le PSG éliminé au premier tour des plyoff la saison dernière). En somme, faut-il relativiser?

«On ne fait pas exprès de mal jouer et de perdre! Certes les gens vont commencer à parler, chercher des explications, réclamer peut-être des décisions. On n'en est pas à ce niveau. On se demande pourquoi on est à l'opposé de ce qu'on on a vu dans la pré-saison. On n'essaie pas de se projeter dans l'avenir, de parler de série de défaites s'il se passe cela contre untel, on vit au jour le jour. Comme on le faisait aussi quand on accumulait des victoires».

Le match contre PSG est-il une échéance, ou comme Delaney Rudd, estimez-vous vous être mis dans une situation où chaque match sera un couperet?

«Chaque match est un match couperet. Mais l'important est de gagner en se rassurant. Je veux dire que si le match contre le PSG devait avoir une issue favorable, on ne pourrait pas s'arrêter à la satisfaction d'avoir gagné. En matches de pré-saison, l'équipe avait des satisfactions qui étaient d'une autre nature, celle d'évoluer, de progresser. C'est encore cela qui nous préoccupe. On avait acquis un capital confiance par rapport à un rôle de favori. On savait qu'on serait l'équipe à battre parce qu'on était favori. Maintenant on est l'équipe à battre parce qu'on perd!».

Vous revenez à votre principe que c'est en défense que vous vous rassurerez offensivement. Mais quand on constate que vous avez encaissé une moyenne de points dans vos normes contre Chalon et Le Mans, et qu'en revanche vous êtes loin de votre potentiel offensif, il faut croire que votre problème est comme un iceberg dont on ne voit que la partie émergée?

«Je pense que Le Mans et Chalon, on aurait du les laisser à des scores inférieurs que ceux qui se sont produits. S'il y a doute en attaque, c'est en défense que tu te rassures. Si tu fais une fixation sur l'attaque, tu deviens négatif. Les joueurs sont conscients qu'ils loupent des shoots ouverts. Si on manque des shoots ouverts, c'est qu'on s'est créé les positions, donc l'attaque n'est pas si mauvaise. Après, c'est la machine qui se grippe parce que le doute s'est installé».

Vous avez changé structurellement l'équipe. C'était une phase obligatoire?

«Oui, obligatoire en effet. On avait tiré les enseignements des dernières saisons. Notre fonds de jeu depuis quatre ou cinq ans était éventé. Les cassettes vidéo circulent vite, les équipes commençaient à trouver des solutions. On a changé de structure, les nouveaux éléments sont totalement différents de ceux qui sont partis, on doit donc créer des situations différentes».

Difficile en conséquence de se raccrocher à un vécu collectif quand ça va mal...

«C'est évident, mais il fallait en passer par là. On a vu qu'à partir du moment où Le Mans est passé en individuelle, on était beaucoup mieux. Mais on savait aussi qu'on aurait beaucoup de zones justement, et l'arrivée d'Henrie, c'est pour çà. Maintenant, Henrie a tourné à 5O% pendant des années, et là il nous fait deux matches à 3/10 ou 3/11».

Vous dites que la question peut aussi être portée sur des thèmes plus acides, excès de confiance d'un club favori, embourgeoisement d'un club premier budget de France. Ca vous inspire quoi?

«Il n'y a qu'une vérité, celle du terrain. On ne peut pas se justifier quand on perd. Donc il faut gagner pour montrer qu'on ne s'était pas trompé. Il n'y a pas d'excuse. Je suis associé avec mon équipe, on est très touché par ce qui nous arrive, mais on ne peut que retravailler. C'est la logique des choses, la loi du sport de haut-niveau. L'entourage peut être versatile, s'apercevoir dans un mois qu'on avait eu raison d'être patient.

C'est simplement plus difficile de dire qu'on ne s'est pas trompé quand on perd que dans un contexte de victoire... Mais il n'y a pas de problème relationnel dans l'équipe, et je ne m'arrêterais pas à çà s'il doit y avoir des critiques de ce type. On doit assumer et justifier nos défaites, mais pas au travers de ces arguments».

Globalement, le match au Mans a été plus rassurant que celui de Chalon?

«Oui».

Il aurait pu être gagné et moins rassurant?

«Cela aurait pu être le cas en effet. J'ai vu au Mans une équipe qui voulait réagir, c'est déjà une base».