Digbeu dans tous ses états
A limage de son équipe, dont il a vécu toute la montée en puissance, Alain Digbeu se pose des questions sur une saison délicate. Même sil sait quil ne vaudrait mieux pas...
Avez-vous une explication à cette saison délicate de votre équipe?
«On a du mal à comprendre. Ce quon sest dit avec Laurent Pluvy, cest quon a limpression dun mélange de tout ce quon a vécu depuis le début, depuis lépoque où léquipe luttait en déplacement tout en ayant un peu plus le loisir de se reposer sur une certaine assise à domicile, jusquà lan dernier où lon produisait du beau jeu. Mais il reste beaucoup de points dinterrogation qui se traduisent dans notre jeu, on narrive peut-être pas à faire lamalgame de tout ce quon a vécu».
En tout cas, on ne peut pas parler de problèmes internes, il ny a même pas de raison objective à vos difficultés...
«On ne se tire en effet pas les uns sur les autres, il ny a pas de problème relationnel. Il ny a quà venir à lAstroballe pour constater quil y a une bonne ambiance, et quà lentrainement, on travaille bien. Je comprends ce que vous voulez dire: les gens qui voient çà se demandent pourquoi on narrive pas à le faire en match. Et nous les premiers!»
Votre entraineur estime même que léquipe se pose trop de questions, spécialement vous-même. Vous avez dit que, comme à lécole, vous aviez limpression de ne pas arriver à réciter votre poème que vous auriez pourtant bien appris...
«Jai en effet toujours limpression de me retrouver au tableau avec mon poème. Cela nuit de trop se poser de questions mais on continue, que voulez-vous? Et puis on nous en pose... »
Personnellement, comment qualifieriez-vous votre saison?
«Ce nest même plus en dents de scie quil faudrait dire. Si vous avez un qualificatif, allez-y. Peut-être que cest lenvers du décor de la saison dernière (NDLR: Alain Digbeu avait été élu MVP français à lissue de la saison 97-98). Léquipe était en confiance, donc jétais en confiance. Au contraire, on a mal débuté cette saison, trop de questions se sont posées dentrée et cela a affecté tout le monde et spécialement moi. Sur nos trois ou quatre derniers matches, on ne peut vraiment pas tirer quelque chose de positif. Cela fait partie des épreuves qui nous sont imposées, et cest à nous de trouver les réponses».
Question de confiance: peut-on parler dembourgeoisement de léquipe?
«Chacun dentre nous a le niveau pour changer le cours dun match, cest clair. La difficulté est peut-être dans le fait quon appréhende mal la distribution des rôles. Cela ne part pas dune mauvaise volonté, je crois que chacun a encore envie de montrer à lautre ce quil vaut. Mais on na pas su jouer ensemble dès le début. Ca vient parfois, mais par à-coups».
A se demander en effet si vous ne seriez pas plus à laise dès que lopposition monterait en qualité, à en croire en tout cas vos prestations devant le Real et Ljubljana?
«Cest vrai que léquipe nest plus la même quand cest fort en face, alors que par exemple contre Évreux, on mène de 18 points, on doit gagner de 20, et pourtant on peine. Je suis persuadé que ça marcherait mieux contre de grosses équipes. Tout le monde dans léquipe sait çà»
Alors pourquoi continuer à se poser des questions, dautant que vous subissez ce blocage seulement attaque, en restant plutôt consistant en défense?
«Pour ce que je constate, je suis attentiste, paralysé. Je vois que je dois tirer et je fais une passe. Il y a des phases où je fais tout à lenvers».
Vous avez entendu quelques sifflets samedi soir, vous les avez ressentis comment?
«Cétait sur mes lancers-francs ratés à la fin, cest çà? Sur le coup, je nai pas réalisé. Mais après en rentrant chez moi, jai demandé à Nathalie (NDLR: son amie) si cétait bien çà, si cétait bien pour moi. Elle ma dit que cétait quelques jeunes, et quils métaient bien destinés. De toute façon, je les méritais bien ceux-là»
Propos recueillis par LeProgres