Le championnat d'Europe, c'est l'Eldorado

Euroligue : face au Teamsystem Bologne Alain Digbeu a eu un rôle primordial lors de la victoire de l'équipe de France en Yougoslavie. Concentré en défense, présent en attaque, il s'est du coup relancé après un passage à vide avec l'ASVEL. Interview de l'arrière villeurbannais par Jacques Monclar, le coach du CSP.

Comment tu vas ?

Bien. Il y a eu un grand match. C'est pas tous les jours qu'on bat un champion du monde. Même en amical. Au second match, on a trouvé des sensations collectives.

C'est la première fois depuis le début de ta carrière qu'il y a de la pression sur toi. Comment l'as-tu vécu ?

Il ne fallait pas que je me prenne la tête. 11 fallait me remettre en route. Me retrouver. La blessure de Laurent (Foirest) a augmenté mon temps de jeu et je voulais revenir plus fort avec l'ASVEL.

Au second match tu joues dans ton registre type "historique" plutôt que dans celui d'une première gâchette...

Effectivement, mon premier rôle était défensif et il fallait retrouver des bons choix de shoot. Delaney (Rudd) m'a appelé entre les deux matches et a recadré mon esprit dans la simplicité du jeu. Il remplit toujours un rôle de mentor avec moi.

Les Yougos, tu les as trouvés comment ? Au deuxième match, un peu décontractés, mais toujours aussi joueurs, aussi classiques dans ce qu'on attend d'eux

Toi qui connais les salles NBA ça t'a fait quoi les gens qui fument au premier rang ?

Moi, je connaissais ça par les coupes d'Europe

Et Tariq Abdul-Wahad ?

Bah, ça l'a un peu retourné. Mais il était content de vivre ça.

On peut donc dire qu'il était content du voyage ?

Ouais. C'est ça.

Tu es issu à la fois des playgrounds et des clubs. La vérité SVP ?

Pour moi, le playground, ça a été un épisode de ma carrière. Je m'y suis amusé, abîmé les genoux, fait de super copains (Perrier-David, D'Amico), mais pour moi le basket a vraiment commencé quand Greg m'a intégré dans son groupe.

Moi, le lock-out, ça me fait rire parce que c'est la grève des patrons. Et ça me navre aussi. Pour toi, c'est quoi ?

Moi, je réagis en tant que fan. Et ça me manque. Et j'ai peut être du mal à comprendre. Mais leur syndicat doit faire son boulot. Il est fait pour ça.

Le comportement de Sprewell, les histoires de recherche en paternité, la grève, les combats de catch entre joueurs, ça t'inspire quoi ?

L'Amérique, c'est le show. Ces mecs, ce sont des acteurs. De toutes façons, ça marche toujours comme ça dans le business.

Tu es connu pour être un grand travailleur. Tu continues bien sûr ? Est-ce que ça change ton comportement en match ?

Oui, je continue à travailler pour faire de nouvelles choses pour progresser. Mais parfois en match, je me sens dans la peau de l'enfant qui n'arrive pas à réciter son poème. Voilà, c'est ça. Je n'arrive pas à réciter mon poème.

Tu es donc assis entre deux chaises ?

Oui, c'est cela.

Maintenant, je te dis quatre mots. Greg ?

... (Il pouffe)

Attention, ce sera répété

J'assume! Greg, c'est le mentor.

Delaney ?

Papa.

I'ASVEL ?

Si je te dis maman, tu vas rire ?

Non. Ça fait une famille !

C'est cela. L'ASVEL... Famille.

Championnat d'Europe ?

L'Eldorado.

Quand tu rêves pour l'année qui vient, c'est quoi ?

Gagner avec mes copains. Jouer au meilleur niveau dans une équipe qui me désire. Je ne suis pas obsédé par les Hawks. La dimension, le charisme et le volume qu'a pris Antoine en Italie, même si c'était déjà un grand joueur en France montrent qu'un passage par l'Europe est une grande aventure.

T'as quelque chose à dire ?

Pour moi, tout cela c'est l'aventure.


Propos recueillis par Jacques Monclar, paru dans Basket Hebdo n°100