Digbeu veut réaliser ses rêves

Le sport est fait pour vivre ses rêves, et Alain Digbeu en a deux : le titre avec l'ASVEL et la NBA aux Hawks d'Atlanta.

Rudd avait estimé que le premier match contre Limoges serait le plus important sur la route du titre pour l'ASVEL. A 1­0, vous pensez que l'ASVEL s'est rapprochée de la finale, voire du titre?

«Ce n'est pas évident de se prononcer. C'est à la fois rassurant car on a pris en effet une option, et trop tôt de penser à la finale, a fortiori au titre. Je m'attends pour la deuxième manche à un match encore plus dur que mardi. Limoges n'a pas joué toutes ses cartes. Le CSP a peut­être douté en arrivant ici. On fait une grosse première mi­temps : il y a des soirs comme çà, il faut en profiter. Mais Limoges a un gros coup à jouer, et avec ce qui leur arrive (NDLR: référence à la menace de non­engagement en championnat) ils seront remontés».

Limoges semble plus frais physiquement...

«Ils ont eu un peu plus de repos, et nous on sort de quatre matches en huit jours. Cela ne nous était pas arrivé depuis belle lurette. On était donc en effet un peu fatigués mardi. Mais je ne pense pas que cela puisse poser problème. Face aux difficultés, on a l'habitude de trouver des ressources. Si on doit tomber dans un piège comme à Besançon, on devra aussi se souvenir qu'on est allé chercher là­bas la belle l'an dernier».

Avec Laurent Pluvy sur la touche, l'ASVEL est (hormis Montero au rôle moindre à Limoges) le seul demi­finaliste à avoir un problème de blessure. Vous craignez que l'histoire se répète?

«On fait abstraction de ce problème. Avec l'accumulation des pépins depuis plusieurs saisons, on a cultivé un état d'esprit par rapport à l'adversité. Chacun est conscient du boulot qu'il a à faire. Lolo ne sera pas là, mais il sera le premier vers qui on se dirigera si on est champion».

Manquer un playoff, vous avez donné l'an dernier. C'est une frustration probablement énorme?

«C'est des choses qu'on a du mal à vivre. Et en même temps, on veut être heureux pour les autres. On essaie de cacher ses sentiments».

Vous n'aviez pas pu après la finale perdue l'an dernier...

«Sur le coup, non. Mais après, face à la presse, sa famille, les supporteurs, il fallait bien le cacher. J'ai alors souvent répété: on sera là l'an prochain».

Et vous voilà, avec personnellement le titre de MVP français. Mais on a l'impression que vous voulez partager cette récompense avec votre équipe?

«Si j'en suis là, c'est parce qu'il y a eux. Delaney, Lolo, Rémi, Jim, tous m'ont beaucoup apporté. On s'apporte mutuellement. C'est depuis l'arrivée de Greg en fait qu'il y a cet état d'esprit. On est tous de très bons amis et notre jeu collectif en témoigne.

C'est rare à ce niveau, et c'est dommage. Alors oui, il me plait de partager mon titre de MVP avec l'équipe. Ce n'est pas de la fausse modestie. Et si c'est personnellement une grosse satisfaction, ce qui m'importe sont les titres collectifs. On a eu la Coupe, c'était bien joli, mais il faut viser plus haut maintenant».

Votre entraîneur et vos dirigeants annoncent pouvoir compter sur vous dans l'effectif de l'an prochain. A 100%?

«Pas à 100%. Fin juin, je participerai au camp d'été des Hawks d'Atlanta comme l'an dernier. Mais cette année, j'aurai un bon genou (NDLR: Digbeu était blessé l'an dernier) un bon physique et un bon mental. Et si ça marche, et que je suis appelé au camp d'entraînement fin aout, j'irai».

Que disent les Hawks à votre sujet?

«Ils ont les droits sur moi pour deux ans depuis ma draft. Ils parlent de perfectionnement en Euroligue. Je suis loin d'être contre. Où que je sois l'an prochain, c'est­à­dire avec l'ASVEL ou avec les Hawks, ce sera bénéfique. Mais je ne décide pas à 100% (1).

En même temps que l'envie d'aller en NBA, je ne souhaite pas brûler les étapes. Quand on met les pieds dans cette ligue, il faut tout faire pour y rester, et donc ne pas y arriver sans bagage. Quand je ferai ma valise pour la NBA, j'y mettrai des affaires pour l'été, mais aussi pour l'hiver!».




  • (1) Alain Digbeu a en fait deux certitudes contractuelles: la première est que l'ASVEL le laissera partir en NBA (contre un transfert préétabli) quel que soit le moment où interviendra cette décision qui appartient totalement aux Hawks. La deuxième est qu'il répondra à cette convocation et à celle­là seule.

    Autrement dit, Alain Digbeu comme l'ASVEL sont en attente de la décision des Hawks. Les informations recueillies auprès de la franchise indiquent que Atlanta s'interesse toujours de près à Digbeu, mais ne formule pas à ce jour de projet de l'intégrer dès la saison prochaine dans son effectif.

    Alain Digbeu jouera donc probablement à Villeurbanne l'an prochain, et si ce n'est pas le cas, c'est qu'il jouera à Atlanta et aura donc réussi lors des camps d'entrainement de juin puis d'aout­septembre à gagner sa place.


    Propos recueillis par LeProgres